Tourism Challenge, day 10 – 31 stamps.

Je lisais hier sur internet Les Fourmis de Boris Vian, et du coup ce soir il me vient l’envie irrésistible de sombrer dans l’absurde. Voici donc, écrit bien au chaud de mon repère en Absurdie, le récit de ma journée dans le Vrai Monde où l’on s’Ennuie.

Tout a très mal commencé. Je me suis levé en retard après m’être couché de travers, mais c’était de la faute des copains à qui j’avais promis de faire une brève apparition au bowling mais qui ont décidé d’aller jouer au bingo à la place. Moi j’ai horreur du bowling et du bingo. Je suis allé boire un café en face. Le café était tiède. Alors je suis rentré me coucher.

Au matin, quand j’ai réalisé que le réveil n’avait rien à voir avec la Symphonie pour les Soupers du Roi dont les trompettes m’avaient tiré de mon sommeil, j’ai sauté au bas de mon lit sans parachute et me suis cassé trois ongles.

J’ai ensuite hâtivement survolé mes emails et commentaires-blog mais j’avais dû mal régler le radio-altimètre parce que j’ai accroché quelques réponses et gentils commentaires auxquels j’ai répondu sur le champ. Du coup, j’ai raté mon premier bus, loupé le second et décidé de marcher.

S. m’attendait patiemment au HR MacMillan Space Centre et je me suis confondu en excuses après avoir fondu au soleil. Nous avons rapidement exploré les lieux, touché une météorite en nickel-machin de 13 kg, tenté d’arrimer sur ordinateur la navette spatiale à la station (sans succès, le vent solaire soufflant à déraciner les oliviers martiens) et pâli en apprenant que toute vie terrestre disparaîtrait après l’impact d’une météorite de taille adulte. Je n’aime pas les météorites.

Nous sommes ensuite passés de l’autre côté du bâtiment dans le Musée de Vancouver et avons rencontré la momie garçon. Au début, je ne voyais que la télé qui diffusait un documentaire à son sujet mais pas l’objet lui-même, et je me suis dit:

"Mais ils ont omis la momie."

Mais elle était là, un peu plus loin. Un garçon de 10 ans avec le crâne fracassé et la peau toute tannée, mais pas ridée. Tout petit aussi. Il s’appelle Panechates et j’ai eu la chair de poule en pensant qu’il nous regarde du haut de ses 1500 ans. Ça m’a rappelé la souris dans la baleine en plâtre du Musée Océanographique de Monaco quand je n’étais pas grand. Javaiseutrèspeur.

Nous avons récolté nos tampons et sommes parti en regardant derrière nous de temps en temps. Les momies me mettent encore plus mal à l’aise que les salles de bowling. Mais pas que les tiques.

Après il restait le Musée Maritime. Là c’était beaucoup plus marrant. Bizarrement, il y a avait des maquettes de bateaux partout. S. devait partir travailler mais moi je suis resté et j’ai pris mon temps et plein de photos.

Les bateaux flottent parce qu’ils sont remplis d’air. On devrait les remplir d’hélium, ils flotteraient mieux. Mais le capitaine ferait rire tout le monde en parlant à la radio comme Donald Duck. Je crois que c’est pour ça que l’on réserve l’hélium aux ballons, mais je n’en suis pas sûr. Ce sont les scientifiques qui prennent ces décisions là.

Je joins quelques photos que j’ai prises aujourd’hui. J’ai un appareil photo. Il est très facile de prendre des photos, il suffit de bien viser et de respecter la règle d’éthières. Voilà.

Je suis toujours debout sur la mine… Je n’ai gardé que mon carnet et le crayon. Je vais les lancer avant de changer de jambe et il faut absolument que je le fasse parce que j’en ai assez de la guerre et parce qu’il me vient des fourmis.

[Boris Vian – Les fourmis]


À suivre…